Loïc Le Gac
Aujourd’hui nous posons 3 questions à Loïc Le Gac, dirigeant chez Thinkovery, pour découvrir l’homme qui se cache derrière ce statut. Nous pourrions le voir simplement comme un chef d’entreprise installé à Nantes et passionné par son activité. Et si, nous regardions Loïc différemment ? Lorsque vous enlevez votre costume de dirigeant, quel(s) costume(s) aimez-vous enfiler ? Le costume de l’ami ! J’aime recevoir des amis, penser à leurs envies pour leur faire plaisir, cuisiner, partager des bons plats qui accompagnent agréablement la soirée. Interagir en refaisant le monde, en ayant des discussions passionnées ou simplement en blaguant sont des moments que j’apprécie vraiment. Cela peut également être le costume du joueur. Jouer avec les autres, c’est une autre forme d’interaction très ludique. Poker, billard, mölkky, ping-pong… et bien entendu les jeux de société. A l’opposé, le costume d’écrivain solitaire et rêveur m’offre des moments de solitude et de repos. Mes projets d’écriture ne dépendent que de moi contrairement au projet d’entreprise qui existe grâce à un collectif de personnes. Proche de celui de l’écrivain se trouve le costume du musicien qui pratique le piano et la guitare. Un costume où on ne crée pas, on interprète. C’est de l’ordre de l’exercice ça permet de se vider la tête, d’être zen. La musique je l’écoute aussi avec une oreille mélomane. Amateur de musique, de temps en temps, on fait des soirées où chacun partage son morceau du moment pour découvrir de nouvelles musiques. Pour revenir aux costumes où j'interagis avec d’autres, il y a aussi celui de l’innovateur, de l'argumentateur. Questionner les certitudes, challenger, développer un esprit critique pour chercher à réellement comprendre les choses. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si j’ai commencé en créant un magazine scientifique. Ce costume est un entre-deux avec le dirigeant-entrepreneur ou écrivain. Le dirigeant est en interaction avec des dépendances avec d’autres personnes. L’écrivain est solitaire avec pour soi-même pour seul responsable. Mais je ne suis pas qu’un cerveau ! Le costume de véliplanchiste ou de marcheur; je les affectionne aussi beaucoup ! Et puis, un costume incontournable qui me prend beaucoup de temps et qui est un vrai plaisir : celui de papa. Et tous ces costumes, ça s’intègre comment dans votre agenda professionnel ? Pas bien ! Très peu, c’est marginal. Soit ça vient par opportunité avec des temps libres dans l’agenda, notamment avec les vacances. Mais cela est discontinu. Soit c’est plus régulier c’est entré dans mon mode de vie comme par exemple être avec mes amis, c’est simple, jouer avec mes enfants, c’est naturel. Et cela peut aussi se manifester comme une obligation. Je n’ai plus le choix, je dois enfiler un autre costume, faire une pause, sinon le costume de dirigeant va m’étouffer. J’ai essayé de caler des créneaux, de planifier dans mon agenda mais ça saute. Mettre des barrières c’est pas facile et s’y tenir encore moins. Cela relève d’une mauvaise organisation du temps. Savoir dire “non” à des sollicitations, prendre le temps de perdre du temps pour autre chose, cela permettrait de réconcilier les différents costumes dans mon agenda. Quelles sont vos difficultés en tant que dirigeant ? C’est innombrable ! Je ne suis pas sûr qu’on ait le temps pour répondre à cette question. Deux composantes étroitement liées sont des réelles difficultés : l’humain et le réglementaire. Le dirigeant emmène un groupe dans une direction, il a la responsabilité de faire vivre un collectif. Ce collectif peut à l’intérieur avoir des intérêts parfois contradictoires, et puis la nature humaine peut être très belle et bienveillante comme elle peut être manipulatrice ou tâchée de mauvaises intentions. Les relations humaines dans le cadre de l’entreprise sont d’autant plus complexes qu’elles prennent racine bien au-delà du cadre de l’entreprise. Elles découlent de notre éducation en France sur le rapport que l’on a au travail. Le code du travail est inspiré à l'origine par le code civil avec un chef d’entreprise vu comme le bon père de famille. Et ce cadre juridique construit les rapports sociaux au sein des entreprises. Or un dirigeant d’entreprise n’est pas un professeur d’université, un psy ou un papa dans l’entreprise. Lorsque j’étais salarié, je ne me rendais pas compte de ce biais mais le chef d’entreprise se retrouve à devoir gérer des aspects qui dépassent les coutures de son costume et qui freine l’éclosion d’un collectif d’adultes tous responsables. En termes de responsabilités, on nous impose d’en revêtir beaucoup. Et cela est lié à la deuxième difficulté : l’aspect réglementaire. Dans une société libéraliste, ce qui est important c’est la liberté. Il se trouve que le cadre juridique pour entreprendre, au sens large, n’est plus en phase avec notre époque. Le contexte légal n’est pas propice pour innover sur le modèle social. Une entreprise qui souhaiterait plus de gains pour ses salariés se trouvera confrontée à des risques juridiques et cela génère une complexité dont on a pas conscience tant qu’on a pas ce costume de dirigeant. Finalement, le mythe du super-héros que l’on prête souvent au dirigeant d’entreprise empêche de voir l’être humain qu’il y a derrière ce costume de dirigeant. Il faut qu’il y ait un événement très grave pour que l’on prenne conscience du caractère humain, sensible du dirigeant. On commence enfin à en parler sur le plan psychologique. On prend conscience de la réalité de ces hommes et de ces femmes avec par exemple la création d’un numéro SOS pour les dirigeants d’entreprise. Une difficulté qui, une fois dépassée, est un soulagement pour le dirigeant, c’est de se rendre compte que l’entreprise existe et peut vivre sans soi. On peut poser le costume et on voir que l’entreprise ne dépend pas de l’homme ou la femme qui revêt le costume. Thinkovery : Thinkovery est une agence de digital learning. Leur métier est de conseiller et de répondre aux problématiques de leurs clients pour construire des marques de formation et des formations sur mesure. Pour en savoir plus : https://thinkovery.com/