Mathieu Spiry
CEO Zyl Aujourd’hui nous posons 3 questions Mathieu Spiry, dirigeant chez Zyl, pour découvrir l’homme qui se cache derrière ce statut. Nous pourrions le voir simplement comme un chef d’entreprise installé à Paris et passionné par son activité. Et si, nous regardions Mathieu différemment ? Lorsque vous enlevez votre costume de dirigeant, quel(s) costume(s) aimez-vous enfiler ? Je n’enlève jamais mon costume de dirigeant. Il est en permanence sur mes épaules. Depuis 10 ans j’entreprends et cela me fait entrer dans la case “entrepreneur”. Dans le regard des autres je suis catalogué comme cela. Ca devient plus qu’un métier, ça devient une vocation. Un peu comme une personne qui est médecin, on a parfois du mal à voir la personne qui est derrière ce médecin. Jour et nuit, c’est un médecin. Je pense toujours à mon entreprise, même en congés. J’ai quand même d’autres costumes : père, mari, pote et sportif. Et ces costumes je les enfile par-dessus celui de dirigeant car il est très dur à enlever. Dynamiser une équipe, insuffler l’énergie c’est prenant et c’est vital pour une entreprise. Le temps avec les potes, on ne parle ni boulot ni enfant. On discute de tout et de rien. Et ça fait du bien ces week-ends entre potes, un costume plus léger à enfiler. Le costume de sportif, je l’enfile tous les midis avec mes collègues, histoire de pratiquer une activité en équipe mais aussi et surtout histoire d’avoir une bonne hygiène de vie, de me sentir bien et tout simplement vivant. Et le costume de père, c’est le plus important. Plus important que celui de dirigeant. Ca parait évident mais avalé par le rythme du travail, en prendre conscience peut prendre du temps. Et tous ces costumes, ça s’intègre comment dans votre agenda professionnel ? Tous les matins et tous les soirs, je suis un père pour mes enfants. Le soir, mon téléphone est coupé pendant 2h pour être sûr d’avoir ce temps de père et de mari. Mon agenda professionnel est l’agenda qui rythme mes journées et ma vie. Cela ne m’empêche pas d’aller récupérer ma fille certains midis pour déjeuner avec elle à la maison. Toutes mes vies sont mélangées, entrelacées. L’idéal est de vivre sa vie comme on a envie de la vivre, et je m’impose encore beaucoup de contraintes pour être sérieux. Je pourrai sûrement enfiler certains costumes plus fréquemment. Je ne le fais pas suffisamment aujourd’hui. J’ai du mal à lâcher car je suis un gros bosseur et passer du temps dans un autre costume que celui d’entrepreneur-dirigeant n’est pas dans mon ADN. Quelles sont vos difficultés en tant que dirigeant ? Il y en a plein : humaine, professionnelle, liées au marché, liées au projet… Jongler entre toutes les vies et assumer pleinement les responsabilités de père et de dirigeant c’est complexe, et c’est un choix que j’ai fait, que j’assume et qui m’apporte beaucoup de satisfactions. Dans les rapports humains, je ne travaille pas avec “mes salariés”, je travaille avec “mes collègues”. Le costume de dirigeant revêt une teinte hiérarchique qui complexifie les relations. En tant que salarié, je n’aimais pas subir la hiérarchie liée au statut. J’essaye de cacher au maximum le côté hiérarchique attaché au statut de dirigeant afin de pouvoir faire des réunions de travail participatives, où les interactions se font entre pairs et non avec un écart lié au statut. Sur la dimension humaine, on peut aussi se sentir seul en tant que dirigeant. Être entouré par des mentors, des investisseurs qui t’aident c’est important et pas que sur le plan financier. D’ailleurs l’aspect financier peut être une autre difficulté car le salariat a une certaine stabilité là où le statut peut générer une précarité et des revenus moins prévisibles qu’un salarié. Cette solitude on la retrouve surtout quand on échoue. Il y a 10 ans, je me sentais pousser des ailes et on se rend compte que créer une entreprise ce n’est pas si difficile. Par contre, la faire vivre dans le temps, c’est un réel challenge. Ce n’est pas une science exacte et je me plante encore une fois sur deux. J’ai accepté les échecs, j’ai compris que c’était normal. La “normalité” quand on regarde autour de soi c’est un ensemble d’entreprises qui réussissent. On ne voit que la réussite. Les entreprises communiquent sur leur succès et ça créé le biais suivant : on a l’impression que l’échec est marginal. On ne nous apprend pas à accepter l’échec et à rebondir. On nous laisse seul face à notre échec et psychologiquement l’homme, sous le costume, est impacté. L’impact va toucher ses relations amicales, familiales et ses autres costumes. Ca a une influence sur le reste. On idéalise le costume de dirigeant alors que ce sont des hommes et des femmes comme tout le monde. A juste titre, on accorde de l’attention au bien-être des hommes et des femmes qui ont un costume de salarié, il ne faudrait pas oublier les autres. En tout cas, je n’ai pas encore trouvé la destination où j’arriverai mais l’aventure que je vis est excitante et pleine d’apprentissages. Zyl : ZYL lance le tout premier réseau social des souvenirs. Pour en savoir plus : https://zyl.ai/